Extraits des "Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin de 1728" de Jean-Philippe Rameau

Suite en La mineur de Jean-Philippe Rameau

Organiste alternativement à Lyon, Paris, Dijon puis Clermont, il fait paraître un premier livre de clavecin en 1706, influencé par l'art de Louis Marchand. Mais ce n'est qu'après s'être acquis une solide réputation grâce à son traité d'harmonie de 1722, qu'il quittera définitivement Clermont-Ferrand en pour tenter sa chance à Paris où il il éditera en 1724 ses nouvelles pièces de clavecin. Les quatre extraits enregistrés dans ce présent disque sont issus de la suite en La mineur de ce second livre.

Au XVIIe siècle, les suites de danses clavecinistiques sont essentiellement chorégraphiques ; au XVIIIe siècle, la littérature de cet instrument perd cet aspect dansant pour chercher à dépeindre des sentiments, des actions, des portraits, des objets ou des paysages. Les anciennes danses deviennent des prétextes à des oeuvres purement instrumentales. Dans la suite en lors, autant l'Allemande que la courante et la sarabande (reprise dans l'opéra Zoroastre) sont un tournant dans l'histoire du clavecin français : elles ont encore tout du jeu de luthé, des ornements des clavecinistes de Louis XIV, et en même temps, elles déploient le mouvement ample des monumentales fresques pour orchestre à venir sous la plume de Rameau.


Dans l'Allemande, dès la première phrase, notre compositeur cherche à s'élever vers le sentiment du sublime ; la courante et la sarabande découlent davantage de l'ancien moule chorégraphique, mais dépassent les productions contemporaines par le lyrisme théâtral. La gavotte variée s'empare d'un thème populaire pour bâtir une vaste architecture de par ses brillantes variations ; leur exécutive virtuosité rivalise avec les inventions les plus impressionnantes de Haendel à la même époque.